Centre d'Équitation de Mallemort de Provence
La Supplique du Cheval Vers Toi mon Maître, tous les jours, s'élève ma prière! Car à Toi seul, je peux tout confier. Donne-moi à manger et à boire, plus que matin et soir. Et, lorsque mon travail aura pris fin, Fais-moi une belle litière, bien sèche et propre, dans une écurie bien dimensionnée, Pour y avoir mes aises et pouvoir me reposer de mes journées de labeur. La Lune m'est témoin : Dans la nuit avancée, je ne suis vraiment serein Que lorsque Tu n'es pas loin; Et parfois j'attends le matin, non pour le picotin, mais juste pour Ton câlin. Souvent, tout au long du jour, contrôle mes pieds Et, avec douceur, soigne mon corps tout entier. Lorsque je n'ai pas faim, sonde mes dents; peut-être m'empêchent-elles de mâcher ou d'avaler. C'est bien dommage mais je ne peux te le demander: Donne-moi quand même à boire souvent de l'eau tempérée et bien claire Pour m'éviter colique et autres méfaits. Mais surtout parle-moi beaucoup; raconte-moi tout : tes joies et tes peines. J'aime mieux le son de Ta voix que le sifflement de la cravache Ou le remue-ménage des rênes dans ma bouche. N'agite pas ma tête ave le mors : cela me fait mal, diminue ma force et me fait trébucher. Au lieu de tout cela, une caresse de Toi m'incite à Te servir mieux et T'aimer davantage. Brosse et lustre ma robe, jour après jour; oins-la avec le parfum de Ton Amour, Lave mes yeux, mon chanfrein et mes naseaux Comme Ton Dieu rinçait jadis les pieds de ses compagnons. Garde mes crins longs ; ils sont Ton panache et ne font peur qu'aux papillons et aux mouches. Abrite-moi du frais mistral et du soleil torride, Des clous oubliés et des épines sordides; Mais surtout, épargne-moi la bêtise et la cruauté de la race des brutes et des dominateurs, Et de tous ces méchants éperonneurs qui ont oublié depuis combien de temps je les sers. N e me frappe pas s'il Te plaît, je T'en conjure, surtout quand je ne comprends pas ce que Tu veux, Mais parle moi encor et encor de Ta voix emplie de chaude liqueur. Et vérifie bien si rien ne me fait peu ou me crée douleur. Ménage ma force, n'en abuse jamais! Je Te donne tout ce que j'ai, si Tu m'apprends la générosité. Mais si je tombe au détour d'un chemin, alors aide-moi à me relever et dis-moi sans m'insulter Que je reste ton ami pour toujours. Et lorsque demain la vieillesse me rendra inutile, Ne me condamne pas à mourir par la main d'un boucher cruel, Mais donne-moi une retraite bien méritée Dans le pré du bon paysan d'à côté Ou enlève-moi Toi-même la vie sans me faire souffrir jamais. D ans la Grande Prairie d'au-delà de Tes pauvres sens, Je continuerai alors à hennir l'honneur de Ton nom et notre belle Amitié A travers les herbages sans frontières de l'éternité.
(Adaptation de Bernard Mathié † , d'après un auteur inconnu.)
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